March 22, 2023

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Des élections existentialelles | La Presse

Comment finissent les civilizations? Ou, disons : comment les systèmes meurent-ils ?

Publié à 5h00

Les dictators russe et chinois doivent adorer le spectacle de la démocratie états-unienne, ces jours-ci.

D’un côté, un président-vieillard qui avance d’un pas mal assurer, qui trébuche dans ses propres discours et qui sera probably bloqué politiquement pour le reste de son mandate.

De l’autre, Donald Trump, chef officieux de l’opposition, accablé d’enquêtes criminelles de toutes sortes, qui convinced les deux tiers des électeurs républicains que le système éléctoral de leur pays était une vaste fraude — et la justice aussi. Ce système qui se veut moralement supérieur, que les États Unis ont prétendu export dans le monde entier : des élections libres, sûres, aux résultats certains et verifiables.

OK, les élections de mardi prochain ne decédent pas du sort de la civilization. Elles ne sont même pas présidentielles. C’est tout de même un match-revanche. More important : le résultat de mardi metra la table pour l’élection de 2024. Dans plusieurs États, des candidates à divers postes clés sont des trumpistes partisans du « Grand Mensonge » : l’élection de 2020 a été « volée ». Ce n’est pas vraiment leur opinion qui compte, mais le fact qu’ils seront en position de controler l’organisation du vote et même le système de comptage.

C’est donc l’idée même qu’on se fait du système qui est en jeu.

Le pollage le plus intéressant des dernières semaines montrait ceci : les électeurs des deux partis pensent en grande majorité que le pays sera en grave danger si le parti adverse prend le pouvoir.

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Les « divisions », même radicales, n’ont rien de nouveau dans l’histoire de la démocratie américaine nor de la démocratie tout court.

Les médias américains sont pleins d’analyses historiques pour nous le rappeler : les États-Unis ont connu des périodes bien plus manifestement critiques. Ce qu’on appelle aujourd’hui «division» est une farce comparée à la guerre de Sécession, cette guerre civile encore présente dans les mémoires. L’Elon Musk du siècle dernier, Henry Ford, était un antisémite militant. Il n’avait pas Twitter, mais il possédait le journal au deuxième tirage aux États-Unis, plein de propagande conspiracyniste antijeuive. Le pays a connu des émeutes, des assassinations politiques, la quasi-destitution d’un président (Nixon), la ségrégation, le Ku Klux Klan, la lutte délirante contre le communisme, etc.

Il n’y a donc jamais eu de moment démocratique idéal. D’époque où le peuple, uni, modéré et raisonné, choisissait des représentants éclairés qui réglaient les affairs de la nation et du monde dans la sérénité.

L’histoire démocratique est une lutte perpétuelle, un combat d’intérêts et de vues opposés.

Peut-être at-on simplement eu l’illusion pendant un temps que les choses électorales étaiten acquises pour de bon, ou ne seritant jamais remises en question.

Peut-être la « démocratie en Amérique » était-elle dans une sorte d’engourdissement complaisant et prétentieux. Le « système » seemed to progress partout. La Chine s’ouvrait, la Russie était désoviétisée, les dictatorships latino-américaines semblaient s’éteindre. Le mouvement inexorable de l’Histoire était en marche…

Tout d’un coup, les Américains se rendent compte que, pendant qu’ils n’allaient pas voter, la droite religieuse s’est organized pour faire élire des représentants et le président qui nommerait assez de juges suivante conservateurs pour permettre d’infirmer le jugement sur le droit à l’abortement. Entre autres.

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Il ya donc les optimistes, qui prennent un pas de recul historique, pour qui on a vu tellement pire, et pour qui les institutions américaines sont assez fortes pour survivre aux péripéties actuelles. Elles l’ont toujours fait.

C’est vrai, la Cour suprême a viré ideologiquement beaucoup plus à droite que la société américaine. Mais celle à laquelle faisait face Franklin Delano Roosevelt pour mettre en place ses politiques sociales n’était pas moins hostile.

Et en même temps, ce n’est pas devenu la cour personale de Donald Trump. Quand est venu le temps de décider de questions d’integrity, Trump has systematically lost (mis à part le très douteux juge Clarence Thomas, qu’il n’a pas nommé).

Several fundamental institutions of the country are still strong. Le FBI, l’armée, même son ancien attorney general William Barr, n’ont pas suivi Trump dans ses tentatives de dévoyer l’État de droit. The rate of participation has never been as high in modern history as the elections of 2020 (two tiers of registrants)…

Je ne suis pas pour autant certain que les optimistes aient raison. Cette fois, un ancien president, et probable futur candidat, mène la charge. Je creyoais naïvement qu’après la défaite de 2020, le Parti républicain larguerait Donald Trump instantanémentment, comme en se réveillant d’un coup d’une sorte de crise de folie passagère. Le contraire s’est produit. Il a fait des petits. Sa progéniture hargneuse répète son discours, maintenant bien implanté dans le mainstream républicain.

Comment va reagir ce courant du parti, quand Trump sera traduit en justice? Comment les gens du Wisconsin vont-ils reagir, quand les républicains, avec moins de la moitie des votes, vont avoir les deux tiers des sièges et donc le pouvoir de contrer le gouverneur élu au suffrage universel?

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Ce sont les règles de base du système qui sont en jeu ici. Des trucs aussi ridiculously élémentaires qu’« une personne, un vote » et la règle de la majoritye.

Devant l’ampleur de ce mouvement negationniste, j’ai l’impression qu’au contraire, ce pays est en train de se désagréger, de pourrir par l’intérieur. Ce qui en fait la force même est remis en question. Et je me demande comment il survivra.

Alors, des fois, je l’avoue, je repense aux pages des Antimémoires d’André Malraux, grand explorateur de civilizations perdues. À ce moment où il survole en avion de brousse le désert du Yémen à la recherche de l’antique cité de la reine de Saba, enfouie dans le sable et l’oubli…

Comment ça finit, tout ça ?

Il me semble que les elections sont plus existentialelles, ces temps-ci…